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À propos de Bruce Peel

Bruce Peel

Bruce Braden Peel est né le 11 novembre, 1916 sur une ferme près de Ferland, dans le Sud de la Saskatchewan et grandit sur la Prairie. Il acquit la titularisation en enseignement et en 1937, il commença à enseigner dans la Saskatchewan rurale et plus tard, à Saskatoon. Cependant, ses ambitions ne pouvaient être réalisées à moins qu’il s’éduque davantage, une impossibilité en raison de la dépression des années 30 et le début de la guerre. Bien qu’il fut inapte au service militaire à cause de ses yeux, il se porta bénévole et se retrouva à Lakehead, pour peinturer des navires. Lorsqu’il retourna en Saskatchewan, il fit un baccalauréat et une maîtrise en Histoire puis alla dans l’Est pour être diplômé en bibliothéconomie à l’Université de Toronto. De retour à la University of Saskatchewan en 1946, il fut nommé conservateur de la collection Adam Shortt Collection of Canadiana.

En 1951, il déménagea avec sa nouvelle épouse, Margaret, pour occuper le poste de chef du service de catalogage à la bibliothèque de la University of Alberta. Ensuite, il devint adjoint au bibliothécaire en chef et en 1955, il fut nommé « Bibliothécaire de l’Université », titre réputé dont il était fier. Plus tard, il refusa poliment les offres d’emploi parvenant de l’Université de Toronto, l’Université McGill et la University of Western Ontario parce que, selon Margaret Peel, il refusait de quitter ses prairies bien aimées.

En tant qu’administrateur de la bibliothèque, il géra la croissance de la bibliothèque de la University of Alberta qui passa d’une taille assez modeste à son rang actuel, une des plus importantes bibliothèques de recherche du Canada. Il planifia et développa six installations pour la bibliothèque dans la cité universitaire d’Edmonton (y compris les bibliothèques Cameron et Rutherford) ainsi que la première collection de la University of Calgary, une cité universitaire « succursale » de la University of Alberta jusqu’en 1965. Il siégea sur d’innombrables comités et conseils de bibliothèque et fut président de la Library Association of Alberta (LAA), la Canadian Library Association (CLA), et l’Association des bibliothèques de recherche du Canada (ABRC). En 1982, l’année qu’il prit sa retraite, la Canadian Library Association lui décerna le prix Outstanding Service to Librarianship (Services exceptionnels en bibliothéconomie), puis en 1991, la University of Alberta lui conféra un doctorat honorifique.

Il joua un rôle déterminant dans la création de l’école de bibliothéconomie et les presses de la University of Alberta. Il fut membre de la déterminante Commission Symons sur les études canadiennes de 1976 à 1981, pour laquelle il rédigea des documents portant sur le rôle que joue les bibliothèques pour appuyer les études canadiennes et la nécessité d’un projet national de microfilmage, mieux connu sous le nom ICMH (Institut canadien de microreproductions historiques), où il siégea également sur le conseil d’administration.

Bruce Peel était beaucoup plus qu’un bibliothécaire et un gentleman exceptionnel, c’était aussi un bibliographe talentueux, un excentrique, de par sa propre définition. Il écrivit,

J’ai ressenti les premiers élancements de la passion alors que j’étais un étudiant diplômé quand je découvris des documents de l’Ouest dont j’ignorais totalement l’existence. Mon cas s’est aggravé lorsque mon superviseur me proposa la nécessité d’une bibliographie régionale. Il est possible que je me sois remis de la démence sans dommages permanents si je n’avais pas été invité à décrire à un club d’étudiants du premier cycle en Anglais des documents dont les écrivains régionaux potentiels pourraient éventuellement exploiter. Et voilà comment je me suis mis à noter des titres à l’endos de vieilles fiches que je classais dans une boîte à souliers … [bien vite] j’étais rendu accro de la collection de titres.

Mon intention était de compiler une bibliographie en quelques mois. Ma douce ignorance me permettait de croire que la plus grosse part de la littérature de l’Ouest se trouvait dans la bibliothèque de la University of Saskatchewan. Aujourd’hui, après plusieurs années de recherche dans d’importantes bibliothèques de ce continent et en Europe, j’admets que le dernier titre m’échappe encore sûrement.

Lorsque la première édition de Peel's Bibliography of the Prairie Provinces est apparu en 1956, le critique estimé W.L. Morton, écrivant pour la revue The Canadian Historical Review [vol. 37, (1956) : p. 278-279], la déclara

« … un outil indispensable pour les étudiants en Histoire et en littérature des Prairies ainsi qu’une rédaction fascinante à feuilleter. »

Un autre critique la salua comme étant le fruit de « dix ans de recherche exhaustive et minutieuse. » [Saskatchewan History, vol. 9 (1956) p. 118-119]

Elle comptait 2 769 entrées numérotées. En 1963, un supplément de 130 pages fut publié, ajoutant 475 titres au compte.

Lorsque la deuxième édition est parue en 1973, un critique décrivit ses 4 408 entrées numérotées comme « … preuve abondante des instincts de chasse formidables de M. Peel pour dénicher chaque entrée risquant d’être éligible à sa bibliographie, » et partagea la pensée d’un autre critique, « … il n’est peut-être pas trop tôt pour exprimer l’espoir de voir ce travail poursuivi ainsi que la parution d’autres éditions de ce livre de référence important. » [BibSoc of America Papers vol. 69 (1975) : p. 142 & Sask History vol. 27 (1974) : p. 118-119]

« Pourquoi les titres relatifs aux Prairies sont-ils si insaisissables? » demanda Peel sans s’attendre à une réponse, dans un essaie intitulé « In Quest of the Elusive » (À la quête de l’insaisissable). » [Cahiers /Papers de la Société bibliographique du Canada XIV (1975) : 7 et passim] [Parce que] « Plusieurs publications [des Prairies] étaient éphémères, de par leur nature. Il se peut qu’un nombre très faible de régions du monde ont eu un pourcentage si élevé de premières publications descriptives à l’intention de gens vivant en dehors de la région, comme ce fut le cas ici; je fais allusion aux innombrables brochures destinées aux immigrants. » Il aurait pu ajouter aussi, les nombreuses publications éphémères publiées plus tard par les Chemins de fer Canadien Pacifique afin de promouvoir l’immigration et le tourisme.

« De plus, jusqu’aux décennies les plus récentes, les bibliothèques municipales et les archives des Prairies accusaient une pénurie de lieux d’entreposage, endroits où l’on pourrait s’attendre à trouver les titres des Prairies. Même dans le cas où une bibliothèque possède des brochures régionales, elles étaient souvent entreposées dans la poussière, sous-estimées et non cataloguées. »

Bien entendu, la tâche de relever ces défis revient au bibliographe, et – de façon quelque peu accidentelle – Bruce Peel dévoua une partie importante de sa vie, de son zèle et de son énergie prodigieuse à les aborder.

Peel ressentit rarement le besoin d’excuser la manie qu’il avait de dresser des bibliographies, mais une fois, il remarqua que les bibliographes étaient peut-être les collectionneurs les plus bizarres car,

« … ils ne collectionnent pas le corporel, mais seulement l’odeur de son essence. Pour le psychanalyste, le bibliographe est fondamentalement un bibliomane qui, incapable d’acheter des livres, trouve un exutoir pour ses frustrations en recopiant les titres de livres sur des petits bouts de papier. Pourtant, j’aime croire que ces excentriques sont aussi les gardiens de notre patrimoine culturel. »

Il développa ce thème en ajoutant :

« Une bibliographie n’est pas uniquement un registre de livres; ce sont des archives d’auteurs et d’éditeurs. Certains poètes des Prairies auraient très bien pu finir muets, des La Fontaine sans gloire enterrés dans des cimetières de campagne, plutôt que d’avoir leurs restes littéraires publiés. Mais je ressens de la sympathie, non, de l’affection pour tous ces gens qui ont exprimé cette créativité qu’ils avaient… en préparant un livre ou une brochure. En retour, ils me doivent quelque chose aussi, car c’est grâce à mes efforts que le nom de plusieurs a échappé à l’oubli. »

Lui « devoir » quelque chose, c’est possible mais les auteurs et les éditeurs morts sont aussi des fainéants. Quant à la récompense pour son travail de bibliographe, Peel écrivit :

« Il m’a fait plaisir de penser que les entrées des auteurs de l’Ouest canadien dans les catalogues de bibliothèques, peut-être à l’échelle du monde, sont plus complètes en raison de mes recherches. Ceci représente un revenu psychique, et comme il n’est pas imposable, est d’autant plus doux. »

Collection Stats

Bibliographic records :14,389
Nombre total de documents :8,922
Nombre total de pages :874,882
Numéros de journaux :66,932
Pages de journaux :645,997
Newspaper Articles :4,901,358
Images :16,298